Résoudre un problème par le repli sur soi : l'exemple de l'immobilier en Corse
Par Nogat le vendredi 2 mai 2014
Dans de nombreuses régions rurales et touristiques de France, mais aussi du bassin méditerranéen, l'achat de propriétés par des non résidents a de nombreuses conséquences :
- Une flambée des prix qui ne permettent plus aux résidents à revenus modestes ou moyens d'accéder à la propriété. Pour les propriétés agricoles, les jeunes agriculteurs ne peuvent plus trouver de terres pour s'installer.
- Dans un premier temps, le rachat de maisons en ruine ou à l'abandon et leur restauration permet à des villages de retrouver une nouvelle jeunesse mais les résidences secondaires ne sont ouvertes qu'un à deux mois par an, le reste du temps, de nombreuses maisons de village sont fermées, renforçant l'impression de désertification des villages.
Dans de nombreuses régions rurales et touristiques de France, mais aussi du bassin méditerranéen, l'achat de propriétés par des non résidents a de nombreuses conséquences :
- Une flambée des prix qui ne permettent plus aux résidents à revenus modestes ou moyens d'accéder à la propriété. Pour les propriétés agricoles, les jeunes agriculteurs ne peuvent plus trouver de terres pour s'installer.
- Dans un premier temps, le rachat de maisons en ruine ou à l'abandon et leur restauration permet à des villages de retrouver une nouvelle jeunesse mais les résidences secondaires ne sont ouvertes qu'un à deux mois par an, le reste du temps, de nombreuses maisons de village sont fermées, renforçant l'impression de désertification des villages. Cette situation est souvent perçue comme une fatalité : ce sont les résidents propriétaires qui alimentent la spéculation en vendant leur propriété au plus offrant, souvent non résident.
L'arrivée d'étrangers a parfois été perçue comme une invasion par les résidents : par exemple, dans la Drôme, des croix gammées ont fleuri un moment sur les murs des régions proches du Vercors dans les années 1980 ou 90 pour montrer une opposition latente à l'achat de maisons par des Allemands, dans des secteurs où le souvenir de la seconde guerre mondiale était encore vivace. En Corse, certains nationalistes réglaient le problème à leur façon : en dynamitant des maisons de non résidents ou des complexes touristiques sensés accueillir toujours plus de touristes, à la fois désirés et honnis. Dans tous les cas, ces réactions étaient perçu comme du simple racisme : des nostalgiques du vivre entre soi, opposés à la circulation des biens et des personnes et à l'ouverture sur le monde. Puis, l'Assemblée régionale de Corse a voté, le 25 avril 2014, un vœu prévoyant l'obligation de justifier d'un statut de résident permanent d'au moins cinq ans pour devenir propriétaire d'un logement ou d'un terrain. Une dérogation serait proposée pour les Corses de la diaspora, en raison de leur attachement familial à la Corse. Ce vœu a été entériné par 29 voix sur 51. Les élus nationalistes et les élus socialistes ont voté pour, la droite, les communistes et les radicaux ont voté contre ou se sont abstenus. Des experts en droit constitutionnel font remarquer que ce vœu est anticonstitutionnel et ne respecte pas les lois européennes. Ce qui m'intéresse ici n'est pas de savoir s'il s'agit ou non d'une manœuvre politique pour se concilier les nationalistes ou pour faire pression sur le gouvernement, mais un double fait :
- des élus de la République osent désormais faire une proposition que seuls, autrefois, les nationalistes corses osaient faire.
- un sondagerévèle que seulement 53 % des Français sont opposés à ces restrictions d'achat. Pour régler un problème de spéculation foncière, peut-être plus forte qu'ailleurs et probablement liée à des organisations mafieuses, le choix est fait de réserver la Corse aux Corses ! Comme si les organisations mafieuses n'étaient pas corses ! Je connais des Savoyards qui achètent en priorité des produits savoyards parce qu'ils sont censés, pour eux, être meilleurs que les produits non savoyards, même si ces produits savoyards sont de fabrication industrielle.
Etre chez soi, entre soi semble être, désormais, la solution à nos problèmes : rejet de l'Europe, de l'étranger, de celui qui ne partage pas notre religion, nos idées politiques, notre langue, notre couleur de peau, etc. C'est croire qu'il y a un chez soi qui nous appartient (de droit divin ?), face aux autres, originaires d'ailleurs. Mais nous sommes chez nous à partir de combien de générations ? Ce chez soi est réservé aux habitants qui sont là depuis 1 an ? 2 ans ? 10 ans ? Il faut y être né ? Il faut que nos parents y soient nés ? nos grands parents ? Les nazis avaient déterminé qu'une personne était juive quand un parent ou un grand parent était juif. Cette problématique vous semble anachronique, digne du racisme du passé ? J'avais déjà posé la question en juin 2012 : Etre d'ici ou pas d'ici, Les racines ou les origines ?. Je m'étais interrogée en avril 2012 sur ce que voulait dire être Noir ou blanc ? Le voeu de l'Assemblée générale Corse, les scores actuels du Front National me renvoient à ces interrogations que je croyais anciennes. Les problèmes sont-ils donc la faute aux autres et le repli sur soi la solution ? La recherche du bouc émissaire, cela continue donc à fonctionner ? Quand cette astuce politique sera-t-elle enfin périmée ?
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