Mortel !
Par Nogat le vendredi 9 novembre 2012
Tous les morts n'ont pas la même valeur, comme je le disais déjà dans le billet du même titre. Moins de 30 000 décès par armes à feu et moins de 20 000 décès à cause de la drogue, aux USA, font plus de bruit que 400 000 morts par la malbouffe ou 435 000 morts par le tabac. Malbouffe et tabac touchent davantage les classes populaires et les lobbyings agro-alimentaire et tabagique veillent à leurs intérêts, donc silence. Quant aux armes à feu, on accepte leur possession au nom de la liberté garantie par le 2e amendement. Donc haro seulement sur la drogue : on a inventé la prohibition de la drogue en oubliant les conséquences désastreuses de la prohibition de l'alcool entre 1919 et 1933, qui a généré l'augmentation du crime organisé.
Le Courrier International n° 1147 du 25/31 octobre 2012 a publié ce petit tableau qui me semble intéressant pour interroger les évidences :

Causes de mortalité aux USA
Quelques chiffres complémentaires :
- Coût annuel des dépenses de santé imputées au tabagisme aux USA : 76 milliards de dollars.
- Coût annuel des dépenses de santé liées à l'obésité aux USA : 190 milliards de dollars.
- Coût de la campagne gouvernementale anti obésité sur 10 ans : 3,2 milliards de dollars.
- Coût annuel de la lutte contre la drogue aux USA : 51 milliards de dollars.
- Estimation du marché du trafic de drogue aux USA : 63 milliards de dollars entre Mexique et USA selon le ministre de la sécurité publique du Mexique en 2009, 100 à 110 milliards (marché total) selon le Sénat américain en 1984.
- Nombre d'armes en circulation aux USA en 2004 : 283 millions = 97 armes pour 100 habitants.
Commentaires :
Tous les morts n'ont pas la même valeur, comme je le disais déjà dans le billet du même titre. Moins de 30 000 décès par armes à feu et moins de 20 000 décès à cause de la drogue, aux USA, font plus de bruit que 400 000 morts par la malbouffe ou 435 000 morts par le tabac. Malbouffe et tabac touchent davantage les classes populaires et les lobbyings agro-alimentaire et tabagique veillent à leurs intérêts, donc silence. Quant aux armes à feu, on accepte leur possession au nom de la liberté garantie par le 2e amendement. Donc haro seulement sur la drogue : on a inventé la prohibition de la drogue en oubliant les conséquences désastreuses de la prohibition de l'alcool entre 1919 et 1933, qui a généré l'augmentation du crime organisé. Seuls quelques organismes comme la Global Commission on Drug Policy, soutenue par quelques personnalités comme Kofi Annan, les écrivains Mario Vargas Llosa et Carlos Fuentes, des anciens présidents du Brésil, du Mexique et de la Colombie, Richard Branson (Virgin group) osent dire que la guerre à la drogue est «un échec». Pour répondre aux problèmes de dépendance, la Santé publique doit prendre le relais des prohibitionnistes.
Les choix que font les sociétés sont rarement des choix objectifs et rationnels. Et même à une époque dominée par l'économie et la finance, certains choix correspondent moins à la recherche de l'efficacité économique qu'aux croyances majoritaires d'un pays : liberté de manger ce qu'on veut, d'avoir des armes, mais interdiction de consommer de la drogue. Les marchands d'armes et de malbouffe, comme les cartels de drogue disent merci aux USA pour ces choix : leur C.A. continue à bien se porter.
Lecteur attentif :
- Tu as repéré que je parle des USA : c'est plus consensuel que de parler de la France. Mais on pourrait aussi rapprocher certains chiffres français...
- Tu as repéré que je ne fais pas l'apologie de la drogue, je pose juste une question d'efficacité dans la lutte prohibitionniste.
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