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C'est évident ?

Les vieux livres de cuisine et le Fonds gourmand de la bibliothèque municipale de Dijon

Par Nogat le samedi 13 juillet 2019 - Réflexions gourmandes

Marie Jorrot, responsable du Fonds Gourmand, m'a invitée à consulter quelques trésors du Fonds Gourmand de la bibliothèque de Dijon.

Qu'est-ce que le Fonds Gourmand ? Son blog, au nom bien choisi Happy Apicius, l'explique bien : depuis 30 ans, des bibliothécaires passionnés.es ont regroupé des ouvrages en lien avec la gastronomie et le vin.

J'ai plongé dans l'univers étouffé des vieilles bibliothèques d'autrefois, avec ses alignements de livres reliés, sur plusieurs hauteurs.

Fonds gourmand, Bibliothèque Municipale de Dijon Connaissant mon intérêt pour les livres de cuisine anciens, Marie Jorrot avait déjà sélectionné pour moi quelques manuscrits, incunables et livres du 16e au 19e siècle. Vieux livres du Fonds gourmand à Dijon

Platéarius

Pour commencer, le plus ancien : Platéarius.

Un magnifique manuscrit bourguignon du 15e siècle, copie française du Livre des simples médecines de Platéarius, avec de beaux dessins de plantes, en couleurs.

Platéarius est un médecin de l'école de Salerne, qui a écrit cet ouvrage au 12e siècle. Le manuscrit a été traduit en français et illustré. Le Livre des simples médecines est un herbier où les plantes sont décrites selon les caractéristiques médicales de l'époque, avec, éventuellement des indications culinaires. Par exemple : Les lentilles sont des semences froides et sèches... En aliment, les lentilles se mangent avec de la viande fraîche, avec de la viande salée ou avec de l'huile et du vinaigre; cette dernière façon est la meilleure... Car les lentilles doublent les effets de la chair salée qui, par nature, est malsaine. Le petit salé aux lentilles n'est pas vraiment à la mode dans la diététique médiévale !

Certaines plantes sont dessinées, mais le manuscrit bourguignon est moins décoré que le celui de la BNF. Cela ne m'empêche pas d'être émue à la vision de ce manuscrit.

Platéarius du Fonds gourmand à Dijon

Platine

Ensuite, un incunable italien (ce mot désigne les premiers livres imprimés, avant 1501), écrit en latin, le De honesta voluptate et valetudine de Bartolomeo Sacchi, dit Battista Platina. Une édition de 1499, sans illustration, que, j'avoue, j'ai regardé d'un œil un peu distrait, car on m'a offert, il y a déjà une dizaine d'année, une édition "anastatique" (reproduction à l'identique) de 1480 !

Faire la fine bouche devant un incunable original, avec un peu de distance depuis cette visite au Fonds Gourmand, je me dis que je deviens snob !

Le Platine du Fonds gourmand à Dijon

Pour me faire pardonner, revenons au texte de Platine. Pour en savoir plus.

Et si vous voulez une traduction française de Platine : Platine en français.

Scappi

3e livre, un peu plus récent (il a été imprimé en 1570 !) : Opera de Bartolomeo Scappi. Une véritable encyclopédie de cuisine, avec plus de 1000 recettes et une série d'illustrations représentant des cuisines et du matériel de cuisine du 16e siècle.

Là encore, je suis en terrain familier, possédant une copie anastatique. Mais je suis étonnée de la petite taille du livre original, en un seul volume : ma copie, un peu plus grande, de la même édition de 1570 n'est donc pas à l'échelle. Pour en savoir plus sur Opera.

Vous trouverez sur cette page un lien pour voir le livre d'origine. Je ne résiste pas à vous présenter une illustration du livre :

Opera de Scappi au Fonds gourmand à Dijon

Les autres livres que j'ai consultés ont été publiés entre le 17e et le 19e siècle : L'école parfaite des officiers de Bouche, 1680; Traitez nouveaux et curieux du café, du thé et du chocolate, 1693; Le cannameliste français, 1768; Le livre de cuisine de Jules Gouffé, 1867. Mais il y a bien d'autres trésors, des livres, des menus. Des expositions sont régulièrement organisées.

Pour en savoir plus sur le contenu du Fonds Gourmand.

Merci à Marie pour la qualité de son accueil.

Depuis quelques années, la lecture des manuscrits et premiers livres de cuisine imprimés est devenue simple, grâce à leur numérisation et leur consultation en ligne. Il est même possible de les enregistrer et de les consulter quand on veut, comme on veut, sans avoir besoin de faire le tour du monde. Mais rien ne remplacera d'admirer, de visu, au moins une fois dans sa vie un manuscrit, un incunable. Expérience irremplaçable.

Cela me rappelle une autre rencontre inoubliable avec des livres de cuisine anciens : j'ai un souvenir ému de la bibliothèque du Valais à Sion, en Suisse, qui m'a permis de voir 2 manuscrits uniques : le Manuscrit de Sion, un petit rouleau de parchemin de la fin du 13e siècle, ancêtre du Viandier de Taillevent et le Du fait de cuisine, le manuscrit de Maître Chiquart, écrit dans le Duché de Savoie en 1420.

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