Ressemblance ou différence ?
Par Nogat le lundi 11 août 2014 - Vous êtes certain ?
En amitié ou en amour, on recherche des personnes qui partagent nos idées, nos goûts : on est toujours plus à l'aise avec ceux qui nous ressemblent ou qui pensent comme nous, c'est plus confort psychologiquement.
Les sociétés humaines se sont souvent regroupées en ethnies, en tribus, en nations : même couleur de peau, même langue, mêmes croyances culturelles, religieuses ou politiques, parfois ascendance commune (réelle ou mythique). Gage d'une vie en commun pacifique ? Tout individu ou groupe d'individus différent, minoritaire, s'il exprime en public sa différence, est vite considéré comme un blasphémateur ou un apostat. Il dérange alors la société dominante et peut être rejeté du groupe majoritaire, voire combattu ou tué, car sa présence même est une contestation de l'union sacrée, de la Vérité qu'on partage ensemble. La différence doit être éliminée pour la sauvegarde du groupe majoritaire.
L'inquisition, les guerres de religion, le ghetto, l'apartheid ou le génocide (la forme ultime d'exclusion collective) ont été des réponses à ce rejet de l'autre différent.
Mais, l'être humain est complexe : il recherche la ressemblance tout en étant attiré par la différence. Il a alors envie d'aller voir ailleurs, de se mêler aux autres et non plus de vivre seulement entre soi. Les voyages volontaires ou les déplacements forcés (par la recherche de meilleurs conditions de vie ou parce qu'on est chassé de chez soi) créent des conditions de brassage de populations. Les races se métissent, les religions se croisent, les cultures cohabitent à l'occasion de ces rencontres interculturelles. Au niveau politique, des empires se créent, regroupant des peuples différents sous une même gouvernance.
L'empire romain, l'empire ottoman, l'empire inca, l'empire austro-hongrois, etc. ont résolu chacun à leur manière ces regroupements de populations différentes, en créant ou non des hiérarchies entre les peuples (citoyen/étranger, musulman/dhimmi, développement séparé (apartheid, ghetto)…
Nos sociétés modernes, issues de vagues successives d'immigration, ancienne ou récente, ne sont pas ethnologiquement, religieusement ou linguistiquement "pures". L'idée de "race pure" est d'ailleurs une aberration au niveau scientifique. La démocratie a permis d'instaurer une cohabitation pacifique et égalitaire entre les groupes d'individus différents.
Après les manifestations d'antisémitisme et de racisme en Europe au 19e et au début du 20e siècle, dont le point d'orgue a été l'extermination ou l'emprisonnement, par les nazis, des Juifs, des Tsiganes, des homosexuels et des opposants politiques, on pouvait espérer le développement d'un esprit de tolérance et d'acceptation de l'autre dans ses différences, pour les siècles à venir.
Hélas, des Kurdes ont été massacrés en Irak parce qu'ils étaient Kurdes (1988). Puis il y a eu la guerre en ex Yougoslavie en 1992, avec des scènes atroces de massacres intercommunautaires (97 900 morts), le génocide des Tutsis par les Hutus au Rwanda en 1994 (800 000 morts). J'ose dire ensuite etc.
Et ça continue !
En ce début du 21e siècle, cela continue : Israéliens et Palestiniens continuent à s'étriper parce que ni les uns ni les autres ne veulent concevoir une vie en cohabitation dans un espace si petit entre Méditerranée et Jourdain (bilan de 29 j de guerre actuellement : 64 soldats israéliens contre 1938 Palestiniens, dont 84% de civils).
Et maintenant, un prétendu état islamique en Irak et au Levant chasse chrétiens et Yézidis (une minorité irakienne non musulmane) des territoires qu'ils ont conquis en Irak, tuant ceux qui restent, prenant des femmes en esclavage, exterminant en Syrie et en Irak des chiites, le tout au nom d'un Dieu qui ne supporterait pas la différence !
Les Etats semblent impuissants devant ces nouveaux massacres. Certains continuant à alimenter en armes ou en argent tel ou tel camp, pour favoriser la victoire de ceux qui sont du bon côté, qui ont la Vérité, face à l'autre, l'ennemi. Gott mit Uns, puisque ces guerres nouvelles ont souvent la religion comme prétexte !
Chercher de qui c'est la faute, qui est à l'origine, ne mène à rien, car au bout d'un certain temps, les exactions ou les massacres, le refus et la haine de l'autre ont lieu dans tous les camps. Désigner un fautif n'aboutit qu'à encourager davantage la haine : on devient antisémite à force d'accuser Israël en oubliant le rôle du Hamas (voir certains slogans des manifestations pro-palestiniennes), on devient anti Islam ou anti arabe en accusant les djihadistes et ceux qui les soutiennent sans réaliser l'impuissance des nombreux musulmans opposés à cette idéologie funeste d'un autre temps (à son époque Torquemada ne serait-il pas l'équivalent d'Oussama ben Laden ?).
La solution : l'article 1 de la Charte de l'ONU
Une seule solution, s'en tenir à l'article 1 de la charte de l'ONU et exiger de nos gouvernements que cette charte ne soit pas de simples belles paroles mais qu'elle soit enfin appliquée partout dans le monde :
- Maintenir la paix et la sécurité internationales et à cette fin : prendre des mesures collectives efficaces en vue de prévenir et d'écarter les menaces à la paix et de réprimer tout acte d'agression ou autre rupture de la paix, et réaliser, par des moyens pacifiques, conformément aux principes de la justice et du droit international, l'ajustement ou le règlement de différends ou de situations, de caractère international, susceptibles de mener à une rupture de la paix;
- Développer entre les nations des relations amicales fondées sur le respect du principe de l'égalité de droits des peuples et de leur droit à disposer d'eux-mêmes, et prendre toutes autres mesures propres à consolider la paix du monde;
- Réaliser la coopération internationale en résolvant les problèmes internationaux d'ordre économique, social, intellectuel ou humanitaire, en développant et en encourageant le respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales pour tous, sans distinctions de race, de sexe, de langue ou de religion;
- Etre un centre où s'harmonisent les efforts des nations vers ces fins communes.
- Haut -